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“ Les principes physiologistes et humanistes de l'ostéopathie confortés par les progrès de la théorie de l'évolution ”

Conférence de Anne Dambricourt Malassé, Paléo-anthropologue au CNRS.

“ Les principes physiologistes et humanistes de l’ostéopathie confortés par les progrès de la théorie de l’évolution ”

 

Mme Dambricourt nous a présenté une lecture de notre évolution au jour de ses travaux et de ses découvertes. Elle commence par nous faire remarquer que la bipédie n’est pas le propre de l’Homme – de grands dinosaures étaient bipèdes exclusifs, comme les oiseaux, ou un grand nombre de primates. Non, la spécificité de l’Homme réside bel et bien dans sa verticalité.

Tout, en nous, permet cette attitude. La caractéristique la plus marquante est la présente de notre cervelet – l’organe du système nerveux qui semble avoir le plus grandit au cours de l’évolution – suspendu au-dessus de notre bassin – lui aussi parfaitement adapté au mouvement pendulaire inversé de la bipédie. Et cette position centrée du cervelet – structure maîtresse de la coordination motrice et de l’équilibre – est accompagnée (permise même) par l’étagement de la base du crâne (avec son étage antéro-supérieur et frontal, moyen et cérébral, et inféro-postérieur cérébelleux).

Cet étagement en 3 niveaux bien distincts de la base, s’il ne lui est pas rigoureusement exclusif, est en tout cas maximal chez l’être humain, tant par rapport aux autres espèces animales que par rapport aux fossiles d’hominidés retrouvés.

Mais pourquoi l’être humain s’est-il redressé, comment a-t-il rompu avec cette polarité horizontale commune à tous les vertébrés pour acquérir sa polarité verticale ?

 “ L’organisme vivant est une unité, et tout en lui est interdépendant ” (on croirait entendre un ostéopathe parler).

L’organisme ‘Sapiens’ émerge d’un processus évolutif qui coordonne la transformation des structures. L’étagement de la base du crâne qui met le trou occipital au centre nécessite une rotation du sphénoïde, parfaitement visible lors de l’embryogenèse.

anne dambricourt

On constate alors :

  • le recul du cervelet au-dessus du centre de gravité
  • l’agrandissement de l’aire corticale cérébelleuse (rôle dans la posture, la précision gestuelle, la projection dans la matière d’un projet…) allant de paire avec la libération de la main comme moyen de locomotion et son hominisation comme outil
  • le recul de la mâchoire, qui change la taille et la disposition des dents, permettant (ou imposant) le passage à un régime alimentaire plus varié, allant de paire avec la cuisson des aliments
  • l’aplatissement de la face qui est la condition à la vision binoculaire optimale,
  • une plus grande aire corticale visuelle adaptée à cette nouvelle vision,
  • une plus grande aire corticale frontale, siège des fonctions cognitives dites supérieures (langage, mémoire de travail, raisonnement, fonctions exécutrices) permettant les rapports sociaux inhérents à la fragilité de l’espèce qu’impose la verticalisation.

En effet, la position debout rend extrêmement vulnérable, notamment les femmes et les petits, qui doivent être portés dans les bras, car naissant trop tôt par rapport à leur développement complet, ne pouvant plus passer dans le bassin adapté à la position debout. La fragilité des mères et des nourrissons rend indispensable le groupe, la vie sociale, l’empathie,  l’altruisme, bref, l’humanité.

En somme, le développement du système nerveux central a imposé la verticalisation qui a optimisé le développement du système nerveux central…

 

Le Lamarckisme et le Darwinisme, à l’origine de la théorie de l’évolution des espèces, a longtemps été associé à la théorie de la sélection naturelle : tous les morphotypes, tous les gènes apparaissent, mais seuls les plus adaptés survivent et se reproduisent, ainsi progresse l’Espèce. Ainsi on a longtemps expliqué que le changement de climat avait créé la nécessité de se mettre debout. Pourtant, les observations de la base du crâne chez nos “ ancêtres ” Australopithèque et Neandertal, qui marchaient parfaitement debout, verticaux, montrent qu’ils n’avaient pas pour autant l’étagement de la base du crâne aussi défini que celui de Sapiens Sapiens.

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L’observation du développement embryonnaire, couplé à ces observations, donne une nouvelle clef de lecture de notre évolution. On voit en direct la base du crâne s’étager à 8 SA, c’est la première courbure qui apparaît.

 

Conclusion : ce n’est pas le climat qui nous a mis debout, nous Sapiens. C’est la libération de la main.

Question : est-on au bout de notre évolution ?

Evolution-des-wissens

Lectures :
Le singe, l’Embryon et l’Homme, une nouvelle clé de lecture de l’histoire de l’homme, édition Ellipses – Didier Marchand, Jean Chaline.
De l’œuf à l’éternité : le sens de l’évolution, édition Flammarion – Vincent Fleuri.

 

 

 

 

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